Dans la gestion des incidents, le Post Mortem est devenu une pratique incontournable. Lorsqu’un problème survient, on revient sur ses causes, on analyse ce qui aurait pu être évité et on met en place des actions correctives pour l’avenir. C’est un exercice nécessaire, qui permet de capitaliser sur les erreurs pour améliorer la résilience des systèmes.
Mais faut-il vraiment attendre qu’un projet ou un service tombe en panne pour en tirer des leçons ?
Si nous appliquions la même logique que la médecine légale, nous admettrions qu’une autopsie ne sert qu’à analyser ce qui est déjà perdu. Alors, pourquoi se contenter d’intervenir après la catastrophe, alors qu’on pourrait anticiper et éviter les incidents avant qu’ils ne surviennent ?
Il est temps d’adopter une approche proactive : le Pre Mortem.
Le Pre Mortem : mieux vaut prévenir que guérir
Contrairement au Post Mortem, qui intervient après un incident, le Pre Mortem se déroule en amont. Il s’agit d’un exercice de simulation où l’équipe imagine les scénarios les plus probables d’échec d’un projet, d’un service ou d’une fonctionnalité.
🔍 L’objectif ? Identifier les risques majeurs avant qu’ils ne se matérialisent et élaborer des plans de réponse adaptés.
Un bon Pre Mortem repose sur trois axes :
- L’anticipation : Imaginer les pires scénarios possibles et comprendre leurs déclencheurs.
- La prévention : Définir des mesures pour limiter les risques et éviter les erreurs courantes.
- La préparation : Construire des playbooks d’intervention pour réagir rapidement et efficacement si un problème survient malgré tout.
Pourquoi intégrer le Pre Mortem dans votre workflow ?
Dans un monde où la rapidité de livraison est cruciale, la gestion des risques est souvent reléguée au second plan. Pourtant, un incident majeur peut coûter bien plus cher qu’une session d’anticipation bien menée.
- Moins d’incidents critiques : En identifiant en avance les points faibles, on réduit drastiquement les risques de panne.
- Une meilleure réactivité : En ayant déjà préparé des scénarios de crise, on sait exactement comment réagir en cas de problème.
- Une culture de la résilience : Les équipes ne subissent plus les incidents, elles les anticipent et les contrôlent.
Même si le Pre Mortem est idéalement réalisé dès la conception d’un projet, il peut aussi être utilisé à tout moment pour sécuriser une application déjà en production. L’essentiel est d’intégrer cette démarche dans les pratiques de l’équipe, au même titre que les revues de code ou les tests automatisés.
Comment mettre en place un Pre Mortem efficace ?
1. Organiser une session dédiée
Réunissez l’équipe projet et consacrez du temps à un brainstorming structuré sur les risques.
2. Simuler les pires scénarios
Posez la question : “Imaginons que notre projet échoue. Quels pourraient être les facteurs déclencheurs ?” Listez tous les risques potentiels, du plus probable au plus extrême.
3. Cartographier les vulnérabilités
Identifiez les points faibles, les dépendances critiques et les angles morts du projet.
4. Élaborer des stratégies de prévention
Pour chaque risque identifié, définissez des actions concrètes pour le réduire ou l’éliminer.
5. Construire des playbooks d’intervention
Documentez les procédures de gestion des incidents pour garantir une réponse rapide et efficace en cas de problème.
Pre Mortem : un changement de d'état d'ésprit essentiel
Dans le développement logiciel, comme dans toute gestion de projet, il est plus rentable d’anticiper que de réparer. Trop souvent, nous sommes enfermés dans une logique de réaction, alors que nous devrions être dans une logique de prévention.
Le Pre Mortem est une approche simple, mais puissante, qui permet aux équipes de prendre le contrôle sur l’avenir de leurs projets au lieu de subir les aléas de la production.
Alors, plutôt que d’attendre l’autopsie d’un projet en échec… Pourquoi ne pas prévoir son avenir dès maintenant ?